Un lieu d’innovation atypique pour accueillir TEDxSaclay

Un lieu d’innovation atypique pour accueillir TEDxSaclay
19/05/2021

Si l’on vous dit champs, verdure, chevaux, hangar…vous pensez campagne ? Et si pour le même lieu on vous dit innovation, imprimante 3D, aérospatial, technologie…mais quel est donc cet endroit ?

Ce lieu atypique, ancré à la terre et au cœur du pôle scientifique et technologique de Paris Saclay, est le Paris-Saclay Hardware Accelerator (PSHA) situé à Saulx-les-Chartreux (Essonne). Son président et co-fondateur, Alain Moinat, nous en dit plus sur cet espace et sur ses objectifs :

Paris-Saclay est un des leaders de la Recherche et du Développement en France. Il réunit beaucoup de têtes pensantes, mais rien pour fabriquer ce que ces têtes pensent…
Étant moi-même ingénieur aérospatial, avec un parcours d’une vingtaine d’années dans l’industrie, j’ai souhaité rapprocher les lieux d’innovation et les lieux de fabrication, sous le même toit, en faire un atelier le plus complet possible, un avant-goût de l’usine 4.0. PSHA apporte toute la phase de prototypage jusqu’à la phase d’industrialisation, avec l’appui d‘un bureau d’études, ce qui manquait sur le territoire.

Quels sont les projets innovants actuellement développés chez PSHA ?

En ce moment nous accueillons plusieurs projets différents et tous aussi passionnants les uns que les autres.
Au début de la crise sanitaire, nous avions fabriqué en urgence des visières de protection pour le secteur médical, les Visières de l’espoir. Suite à cela,avec ma compagne, Nathalie Séjourné, nous avons développé ce système pour les personnes sourdes et malentendantes en créant des masques complets transparents pour dégager le visage, avec tissu filtrant et système d’aération. C’est devenu aujourd’hui une startup que nous accompagnons chez PSHA, et qui distribue ces masques au grand public.

Nous avons aussi un projet dans le secteur de l’aérospatial avec une startup qui développe un micro-lanceur de fusée qui devrait tirer sa première fusée en fin d’année prochaine. Dans le domaine agricole, c’est un robot qui ramasse les asperges. On travaille aussi sur un projet médical de pistolet plasma permettant d’accélérer la phase de cicatrisation de n’importe quelle plaie, ou encore dans le secteur de la défense, bref nous répondons présent pour toutes les catégories de projets.

Actuellement on a même des projets qui nous viennent de l’étranger, puisqu’un ingénieur camerounais vient d’arriver pour développer son projet, n’ayant pas trouvé ailleurs une structure pouvant répondre à ses besoins.

Qu’est-ce que l’innovation pour vous ?

Pour moi, l’innovation c’est un projet qui change quelque chose. L’innovation n’est pas forcément la deep tech, l’accumulation d’électronique ou tous les grands mots qu’on utilise pour qualifier l’innovation. Je reprends l’exemple du ramasseur d’asperges : l’an dernier à cause de la COVID-19, les agriculteurs ne pouvaient pas ramasser les asperges car la main d’œuvre venait principalement de l’étranger. Les porteurs de projets ont donc décidé de développer un système pour aider dans le ramassage des asperges. C’est ça l’innovation pour moi : comment changer quelque chose dans notre vie quotidienne, même si ce n’est pas forcément phénoménal.

Un écrin à l’allure industrielle pour TEDxSaclay 2021

Mais ce n’est pas tout… ce lieu atypique va se transformer le temps d’une journée en véritable studio, pour accueillir les speakers du TEDxSaclay 2021 ! Ils seront donc filmés en direct depuis le studio de PSHA, pour transmettre leurs idées innovantes à leur public en 100% digital.

C’était pour nous l’occasion d’échanger avec Alain Moinat sur TEDxSaclay et sur le thème « Terre, notre vaisseau » :

L’an dernier, il n’y a pas eu de TEDxSaclay en raison de la crise de la COVID-19 et ce n’était pas concevable qu’il n’y en ait pas cette année ! C’est un événement incontournable. La crise sanitaire étant toujours en cours, les organisateurs ont dû changer de format et la configuration du bâtiment pouvait s’y prêter. On est très content de pouvoir contribuer au fait qu’il y ait un TEDxSaclay cette année.

Le thème du TEDxSaclay 2021 est « Terre, notre vaisseau ». Que vous inspire-t-il ?

Au début de la crise sanitaire de la COVID-19, je me suis toujours dit qu’il y aurait un « après COVID ». Je ne suis pas forcément « écolo dans l’âme », mais je me rends compte que la Terre nous envoie des petits signaux, et qu’il faut faire attention au vaisseau dans lequel on est. Cette terre qui nous accueille, il faut la préserver. On les voit bien ces signaux : la COVID, la pollution, les giboulées de mars en plein mois de mai…. Il y a un message et il faut l’écouter.
TEDxSaclay, par ses partages d’idées, souhaite « inspirer pour agir ».

Quelle serait la ou les actions que vous aimeriez proposer pour le monde de demain ?

Toutes les actions que j’aimerais porter chez PSHA sont celles pour l’humain en général. Faut-il absolument mettre l’innovation en exergue au risque de tout casser ? L’innovation ce n’est pas forcément toujours plus vite, toujours plus grand, toujours plus. Il s’agit d’améliorer mais dans le respect de tous. Si demain on me dit que je peux traverser la France en 3mn, mais que ça pollue énormément, alors je préfère le faire en 5h. Il ne faut pas que les bénéfices soient au détriment de tout le reste. L’objectif est de doser intelligemment l’innovation entre ce qu’elle coûte et ce qu’elle apporte.

Si vous étiez speaker TEDx, quelle idée aimeriez-vous proposer devant un public ?

Je parlerais de l’expérience incroyable que j’ai vécue du fait de la crise sanitaire, avec les Visières de l’espoir. Lorsque l’an dernier, c’était un vendredi, j’ai vu un message d’urgence d’un professeur d’un CHU qui cherchait des visières de protection, j’y ai répondu tout de suite. J’ai ensuite passé mon week-end à fabriquer une demi-douzaine de visières, que j’ai envoyées. Suite à cela, j’ai fait un post sur les réseaux sociaux pour dire à quel point chez PSHA on était fiers d’avoir participé à ce projet. Et là, les demandes ont explosé ! J’ai donc contacté des partenaires, des entreprises qui avaient des machines comme les nôtres, et on a mis en route la fabrication, le transport, toute la chaîne d’approvisionnement…. Et tout ça sans parler d’argent à aucun moment, uniquement en le faisant avec le cœur. On en a produit 110 000 exemplaires.
Alors oui, ça c’est un sujet : je trouve dommage qu’il faille attendre une pandémie ou une crise mondiale pour que l’humain redevienne humain. Parce que la maladie et la peur étaient palpables, proches de nous, alors la force du collectif et l’altruisme ont surgi et ont montré des capacités incroyables.
Faut-il en tirer une quelconque gloire ou s’interroger sur un réel engagement et faire de l’altruisme un moteur ?

Et comme le dit le moine bouddhiste français Matthieu Ricard, au sujet de la période actuelle « La crise climatique sera plus grave. Mais l’espoir que j’ai dans ce qui continue de se passer, c’est que malgré tout, quand ça commence à faire mal, les gouvernements et les citoyens peuvent se mobiliser. Le problème, c’est que le futur ne fait pas mal. Du moins pas encore. »

– Propos recueillis par Muriel Paul