Laure TABOUY

L'IA générative fait-elle de nous des personnes augmentées ou réduites ?

J’enseigne et je cherche sur les thématiques de l’éthique des neurosciences et du numérique. Et je me pose la question de l’utilisation de l’IA générative dans mon métier.
Pensez-vous que nous sommes sur le point de devenir des professeurs et des élèves augmentés ou alors diminués ? Il y a un enjeu de taille pour les êtres humains que nous sommes, et c’est en nous appuyant sur l’éthique, qui est pour moi, une boussole qui guide du visible vers l’invisible sur le long terme, que nous allons pouvoir rester le chef d’orchestre de ces innovations.

Laure TABOUY

Je suis à la fois neuroscientifique et éthicienne. Guidée par la passion pour la recherche médicale et scientifique en constante évolution, j’ai construit et personnalisé mon parcours au fur et à mesure des rencontres, ce qui m’a permis d’expérimenter différents milieux de travail, publics et privés, de partir à l’étranger et de travailler avec des personnes venant de tous horizons.
Titulaire fin 2012 d’un doctorat en neurosciences, génétique et biologie structurale à l’université de Paris-Cité, mon parcours de chercheuse en neurosciences s’est d’abord focalisé sur des thématiques autour des régulations génétique et épigénétique lors du neurodéveloppement. J’ai élargi mon champ thématique au rôle du microbiote intestinal et de l’axe intestin-cerveau dans l’autisme lors de mon post-doctorat en Israël à l’université de Bar-Ilan et à mon retour à Paris en 2018, jusqu’en 2021.
Très interpelée par les débats autour de la révision de la loi bioéthique française et travaillée par ces questions depuis le lycée, j’ai alors décidé de faire un virage dans ma carrière de chercheuse en reliant mes deux passions, les neurosciences et l’éthique, pour en faire une expertise propre. Pour cela, j’ai validé un master d’éthique de l’université Paris-Saclay en 2021, en proposant un mémoire sur les enjeux éthiques des neurotechnologies.
À la suite de ce master, je me suis engagée dans un second doctorat en éthique/neuroéthique, au sein du CESP-INSERM U1018 de l’université de Paris-Saclay, dans l’équipe éthique et épistémologie.
Digital Ethics Officer de l’EDHEC BS (2023), j’ai intégré en octobre 2023, le pôle recherche de l’agence de la biomédecine où je poursuis mon doctorat. Je suis à la fois chercheuse et cheffe de projet en neurosciences et en éthique des neurosciences, du numérique, des neurotechnologies et de l’intelligence artificielle (IA). Je réfléchis sur la manière de définir et de mettre en œuvre une approche neuroethics by design pour les neurotechnologies connectée à l’IA ? Quelles sont les enjeux de la convergence des neurosciences avec le numérique ?
Mon travail actuel en tant que chargée d’enseignement à l’institut catholique de Paris et de chercheuse – doctorante au sein du CESP-INSERM et enfin de cheffe de projet pour l’agence de la biomédecine s’alimentent réciproquement, je peux m’y réaliser, être moi-même, c’est-à-dire entre deux mondes et faisant des liens entre eux. À l’Agence, je relie le monde de la recherche académique et le monde institutionnel, au service de la société.